Oslo...
Vous me direz que c'est con de pleurer pour un animal, et vous aurez peut-être raison. Que de toute façon, fallait bien que ça arrive un jour, que je ferais mieux de garder mes larmes pour des choses plus importantes.
Sans doute. N'empêche. Le fait de ne plus jamais entendre des "Oslo!", des "Gros chien!", des "Chien!" ou encore des "Qu'est-ce que tu chlingues de la gueule ma belle..." est une chose qui me rend plus triste que je ne le pensais. Je ne verrai plus ma grosse boule de poils crème et or, puante, prendre sa laisse dans sa bouche en sautillant comme une puce parce qu'elle a entendu le mot "promenade". Je ne la verrai plus lécher ces pédés de cochons d'Inde en leur arrachant des "huit huit!" angoissés. Je ne l'entendrai plus couiner de joie et d'exitation devant un os et quelques bouts de gras qui lui seront offerts quelques heures plus tard. Je ne la caresserai plus et n'irai plus me laver les mains avec dégoût, en étant toutefois satisfaite de lui avoir montré un peu d'affection.
J'aurai aimé que ta vie se finisse autrement que par une piqûre dans un cabinet vétérinaire qui pue, avec des types en blouse, cet endroit qui t'angoissait tant. J'aurai aimé être là aussi, mais j'ai jamais été très courageuse; si j'avais pu, j'aurai au moins voulu que tu ne te rendes pas compte que cette seringue était ta dernière caresse, même si notre seule volonté était de t'éviter trop de souffrance. Pardon mon chien.
Maintenant, tu es libre: nous avons enlevé ton collier, tes douleurs se sont envolées, seuls notre affection et nos souvenirs te relient à nous.